Les toilettes sèches et jardin bio : avantages et inconvénients
Les toilettes sèches pour quoi faire ?
Je me souviens de mon premier contact avec les toilettes sèches. C’était au salon Primevère, il y a 20 ans ou presque… Ceux que je prenais pour des hurluberlus à l’époque tenaient un stand expliquant comment utiliser des toilettes sèches et le compost en résultant. Il y avait des échantillons dudit compost. Un truc à la fois troublant et étonnant. Comment un truc issus de nos pipis et cacas pouvait être aussi parfaitement inodore ?
Enfin, il y a quelques années, j’ai utilisé des toilettes sèches publiques autour du site du lac de Monteynard. J’ai trouvé que c’était beaucoup plus confortable, et hygiénique, que de devoir faire ses besoins, ou changer un tampon derrière un buisson. Là encore, pas d’odeur putride, à ma grande surprise.
Puis j’ai enterré l’idée, jusqu’à aujourd’hui.
Les toilettes sèches pour économiser l’eau potable ?
On le fait tous (ou presque) tous les jours : souiller de l’eau potable avec nos excréments. C’est une réalité d’aujourd’hui en occident. Nous sommes de plus en plus nombreux à trouver cela immoral voire inacceptable. Je me questionne donc car je sais qu’il existe des solutions différentes.

Je dis bien différentes, et non nouvelles. Parce que vous savez certainement que les toilettes sèches, la fameuse cabane au fond du jardin, ne datent pas d’hier. Dans des temps plus anciens, il aurait été complètement saugrenu de faire ses besoins à l’intérieur de sa maison. Il était naturel de faire ses petites affaires à l’extérieur. Mais voilà, ce n’était pas toujours très confortable (en hiver, s’il pleut, etc…). En ville, l’absence d’espace pour composter les matières posaient de réels problèmes de salubrité. Pour toutes ces raisons, on a inventé un moyen pour aller aux toilettes à l’intérieur, gagner en confort et éliminer la saleté. La chasse d’eau, puis le tout à l’égout étaient nés !
Utiliser des toilettes sèches est-il un retour en arrière ?

Il se trouve que nous n’avons pas de source sur notre terrain. Selon les prévisions les plus pessimistes, des sécheresses de plus en plus sévères pourraient bien toucher ma région, du fait du changement climatique.
Jardiner dans ces conditions pourraient bien être de plus en plus difficile.
Je ne peux compter que sur l’eau du réseau potable et l’eau de pluie pour arroser mon potager et mes pots de fleurs. Pour le reste du jardin, je choisis autant que possible des plantes adaptées au climat et donc sobres en eau. Pour l’instant j’ai du mal à envisager que l’on puisse manquer d’eau au réseau d’eau potable.
Mais si demain l’eau venait à être rationnée, je préférerais de loin utiliser l’eau du réseau pour boire, me laver et arroser mon potager plutôt que de la jeter aux toilettes.
Et avec le changement climatique que nous vivons, optimiser la ressource en eau me parait bien être un minimum de bon sens.
Donc, installer des toilettes sèches dans le jardin devient un sujet de plus en plus fréquent dans nos projets d’aménagement de notre jardin bio.
Les toilettes à compost : un fertilisant presque gratuit pour le jardin bio
Je dis presque gratuit parce que selon les cas, l’achat de copeaux sera peut-être inévitable. Mais dans notre cas, nous disposons d’un grand jardin, avec des arbres que nous taillons et dont nous broyons les branches.
Nous nous chauffons au bois et pouvons donc récolter de la sciure de la tronçonneuse et de la cendre pour additionner le compost.
Au jardin bio, l’amendement et la fertilisation sont la clé de la réussite. Mais on se heurte vite à quelques problèmes :
- Trouver du fumier n’est pas toujours facile, ni bon marché,
- Les engrais ne sont pas toujours bon marché,
- Compter uniquement sur des fertilisation et amendement végétaux (purins d’ortie, potions, engrais verts…) n’est pas efficace dans toutes les situations.
Si des parasites et des maladies sont véhiculées par les matières fécales, le compostage est sensé les éliminer.
Les toilettes à compost sont donc une solution pour obtenir quasi gratuitement un amendement de très belle qualité.

Où installer ses toilettes sèches ?
Installation à l’intérieur
Les toilettes sèches peuvent se mettre à l’intérieur et certains convertissent leur toilettes à eau de cette façon. Bien sûr, il est plus facile de prévoir une grande chambre de compostage en construction neuve qu’en rénovation. Chez nous, il ne sera pas possible de mettre facilement une grande chambre de compostage.
Vaincre les tabous : manipuler du caca, même composté ?
Je ne souhaite pas non plus imposer ce mode de vie à mes invités ou au reste de la famille. Et j’ai du mal aussi à m’imaginer manipuler d’autres matières que les miennes (ou celle des enfants, après tout, je leur ai bien changé leur couches…)
Installation à l’extérieur
Il m’est bien déjà arrivée de traverser un camping en pleine nuit pour aller faire mes affaires, mais chez moi, je me vois mal faire mon pipi de la nuit dehors. Et je me vois encore moins utiliser un pot de chambre.
Pour commencer en douceur, nous envisageons donc des toilettes sèches à l’extérieur, comme toilettes d’appoint. C’est le plus facile à mettre en place. Les matières auront tout loisirs de composter dans les grandes poubelles pendant l’hiver. L’idée de manipuler ces seaux remplis de matières fécales, même compostées me parait envisageable plus facilement à l’extérieur.

Principes des toilettes sèches à compost
Faire ses besoins dans un grand récipient
Le principe des toilettes sèches est de faire ses besoins dans un grand récipient, auquel on ajoute des matières végétales sèches et broyées. Le tout formant un mélange au rapport Carbone sur Azote assez idéal et qui se compostera facilement. Papier, pipi et fèces vont se composter.
Le compostage se fait soit directement dans le récipient s’il est assez grand. Dans ce cas, il faut remplacer le seau une fois plein et le laisser composter, en y ajoutant pourquoi pas des vers. Soit, si le récipient est plus petit, le compostage se fait sur un tas de compost. Dans ce cas, il faut vidanger le récipient rempli de matière non compostées régulièrement.
La taille du récipient dépend du design des toilettes.
Copeaux, sciure, paille : Quoi mettre dans ses toilettes sèches ?
Tout matériau bien carboné fera l’affaire :
- Sciures,
- Copeaux maison,
- Copeaux du commerce pour lapin ou cheval,
- Paille et fougère sèche.

L'idéal est bien entendu d'utiliser un matériau gratuit fourni par le jardin. Le jardin devient à la fois fournisseur de matériau et reçoit à son tour le compost. C'est une économie circulaire domestique.
Cela suppose d’avoir une surface suffisante (au moins 500 m²) et suffisamment plantée d’arbres feuillus.
Faut-il séparer le pipi et le caca dans les toilettes à compost ?
Il existe deux écoles. D’après Patricia Beucher, autrice de « Construire des Toilettes sèches à compost » séparer les urines et les fèces ne permet pas leur compostage correct.
Mais une vidéo du Potager d’Olivier expliquant comment il récolte, stocke et utilise son urine pour fertiliser son potager laisse penser qu’il composte les fèces à part.
Nous irons au plus simple en optant pour la première solution. De plus, récolter et stocker des urines pour fertiliser le jardin est peut-être encore trop radical pour moi.
Vaincre les tabous : faire pipi assis
Enfin, toujours selon Patricia Beucher, uriner assis limite les projection et donc les risques d’odeurs, qui sont liés à la présence d’urine. Un tabou à vaincre donc pour les hommes qui ne jurent que par la position debout.
Autres avantages des toilettes sèches
A première vue, et parce que nous y sommes habitués, les toilettes à chasse d’eau paraissent hygiéniques. Mais ne les avez-vous jamais débouchés ? récurés ? Là ça devient peu ragoûtant vous ne trouvez pas ?
Les toilettes sèchent ne se bouchent jamais. Elles sont silencieuses : fini les glouglous, PLOUF et autre pshiiiit ! En extérieur, je compte sur l’aération naturelle pour chasser les odeurs. Vous le voyez, rien n’est tout noir ou tout aussi blanc et lisse qu’une cuvette en porcelaine.
La cabane au fond du jardin
C’est donc décidé, si nous devons aller au bout de ce projet, nous commencerons en douceur, avec des toilettes d’extérieur que nous utiliserons à la belle saison.
Nous laisserons composter le reste de l’année. Nous utiliserons le compost obtenu dans le potager après qu’il ait été stocké pendant suffisamment longtemps pour que les germes potentiels soient éliminés. Cela me parait être un projet tout à fait réaliste et réalisable dans notre contexte.
Cet article touche à sa fin, je vous remercie de l’avoir lu. J’espère qu’il vous aura démystifier la chose. Pensez à l’épingler sur Pinterest pour le retrouver plus tard !
A bientôt !
Pour préparer cet article, je me suis documentée avec « Construire des Toilettes Sèches à Compost » de Paticia Beucher, editions Ulmer
