Mes premières impressions sur le livre – Le potager d’Olivier
J’aime autant le jardinage que les livres de jardinage
« Le potager d’Olivier – nourrir sa famille – nourrir son esprit » est une très belle découverte. D’abord parce que je ne fais pas partie des 80000 abonné·es (comment ai-je pu passer à côté de ça ??? Ah oui, je ne regarde presque jamais Youtube) et ensuite parce que ça faisait longtemps qu’un livre de jardinage ne m’avait pas autant captivée.
Lire un bon livre de jardinage bien calée devant un feu de bois ou dans une chaise longue et l’une de mes activités favorites.
Je vous conseille d’ailleurs :
- « Le jardin naturel » de JM Lespinasse,
- « Mon petit jardin en Permaculture » de Joseph Chauffrey (autre jardinier youtubeur),
- « Mon potager produira tout l’hiver » de Charles Dowding (passionnante introduction au potager d’hiver),
- « Le guide du nouveau jardinage » Dominique Soltner (limite un manuel d’agronomie…).
Qui sont autant de guides, d’explications et d’inspiration. Pourtant, c’est presque frustrant de ne pas réussir à reproduire ce que les auteurs décrivent avec tant de facilité et d’évidence. L’expérience racontée dans les livres, aussi belle et grandiose qu’elle soit ne s’applique pas toujours à notre cas. Chaque jardinier et unique, chaque jardin est unique. Ma conclusion, c’est que c’est en jardinant son jardin qu’on devient jardinier.
Un livre de jardinage sans solution miracle
Et ça fait du bien…
Ce qui me marque le plus dans ce livre de jardinage, par rapport aux autres que j’ai pu lire, c’est que les solutions proposées ne sont pas présentées comme des solutions miracles. L’auteur insiste sur faire ses propres expériences, sur le fait d’être connecté à son jardin.
« L’important, c’est la compréhension que le jardinier a de son jardin »
Lire ce livre m’a complètement reconnectée avec l’esprit du blog quand je l’ai créé en 2016 (déjà !!!)
Le plaisir d’être au jardin
En effet, mon intention n’était pas (et n’est toujours pas) tant de partager des techniques poussées (le net en est plein et d’autres font ça bien mieux que moi) mais avant tout de partager mon plaisir d’être au jardin.
3 questions à l’auteur de la chaîne et du livre Le Potager D’Olivier – Olivier Puech
J’ai eu l’occasion de demander à Olivier pourquoi il avait abordé les bienfaits du potager autant que les techniques de jardinage dans son livre. Quel était son avis sur la permaculture. Et pour finir, il livre quelques conseils à ceux et celles qui veulent se lancer dans le jardinage.
Sur les bienfaits du potager et le plaisir de cultiver
Justine : Dans ce livre, vous parlez beaucoup de vos techniques de jardinage, mais vous vous livrez aussi beaucoup sur les émotions procurées par le jardinage. Qu’est-ce qui vous a donné envie ou poussé à vous livrer ainsi, ou autrement dit d’aborder ces aspects, en quoi est-ce si important pour vous ?
Olivier : Effectivement le potager a à mes yeux bien plus qu’un simple rôle de production de légumes. Il reflète bien des émotions, et surtout des émotions essentielles à toute vie, pour ne pas dire existentielle. Être responsable de son lopin de terre, être responsable d’une vie végétale que l’on crée en semant, et sur laquelle on veille jusqu’à la récolte. Cela avec un rapprochement avec la « TERRE ». Cette terre dont on se déconnecte aujourd’hui, que ce soit en production à échelle industrielle en produisant hors sol et sous engrais chimiques, que ce soit dans nos vies en basculant souvent du réel au virtuel, notamment notre temps passé devant les écrans, en perpétuelle augmentation.
Au potager, c’est un retour à l’essentiel, loin de tout superflu et j’ai tenu à partager à quel point produire sa nourriture, pour soi, ses proches, ses amours, peut apporter un sentiment conséquent de bonheur. C’est pour cela que dans ce livre j’ai tenu à accorder presque autant de place au jardinier qu’au potager. Comme un chien qui ressemble à son maître, un enfant qui ressemble à ses parents, je trouve qu’un potager ressemblera à son jardinier. Et pourtant dans tous les livres de jardinage, jamais on ne parle de celui qui devra mener de main de maître son potager. Alors je raconte comment déjà le rêve ou réalité est devenu après des choix, des priorités, des discussions de couple… un rêve ET une réalité. Cela a été une quête, l’est toujours, l’homme que je suis aujourd’hui ne sera pas celui de demain, et certainement mon potager aussi. Alors oui c’est tout sauf une vérité que vous trouverez dans cet ouvrage même si je prends à cœur d’y partager toutes mes clés de réussites pour avoir une abondance folle au potager, de façon naturelle, et existentielle !
Sur la permaculture ?
Justine : Aujourd’hui, on entend beaucoup parler de la permaculture. A tel point selon moi, que ce mot va bientôt remplacer celui de jardinage. Vos références à la permaculture sont bien là, (la ferme du Bec Hellouin pour ne citer que les plus connues) pourtant, elle n’est pas portée en étendard dans le livre. Autrement dit, ce n’est pas présenté comme un manuel de permaculture. Pourquoi ?
Olivier : C’est une très bonne question. Et même pour tout vous dire, j’ai refusé que le mot permaculture soit utilisé dans le titre. Comme je dis dans mon livre, j’enlève la première syllabe de ce mot pour ne faire que « maculture », ma culture ! Et faîtes en ainsi, cultivez à votre façon, soyez en accord avec votre potager.
Je suis admiratif de la permaculture, je m’en inspire beaucoup mais la plupart du temps en silence. Sur ma chaîne YouTube « Le potager d’Olivier » (80.000 abonnés), sitôt que j’emploie ce mot, j’ai bien souvent comme un ressenti de manque de tolérance. Comme s’il fallait correspondre à des critères. « Mais tu travailles ton sol ?! » « ET là ce n’est pas paillé ?! » « Mais tu as un chauffage électrique ?! » Tout ça ce n’est pas permaculture !!!
Alors oui parfois je mets un coup de grelinette. Est-on obligé de raisonner en mode binaire ? Entre un labour à 60cm de profondeur et un petit coup de grelinette, il y a bien des nuances… Pareil pour le sol, parfois je ressens de dépailler quelques jours le temps que le sol respire, se réchauffe, comme nous une fois les beaux jours revenants avec cette envie folle de prendre l’air ! Et le chauffage pour lequel j’emploie toute mon énergie à ce qu’il se déclenche le moins souvent. Bref, je ne retrouve pas ces « exigences » quand je parle simplement de potager au naturel où là j’ai l’impression de simplement me sentir plus libre !
Alors bien sûr, j’ai bien conscience que ce n’est qu’une minorité de personne qui impose à la permaculture des critères précis, mais partageant avec une grande communauté, je fais le choix de ne pas trop utiliser ce mot même si je baigne dedans en mon intérieur.
J’ai réalisé il y a peu un reportage avec Damien Dekarz, le plus connu des permaculteurs français, et lui avec toute sa tolérance, sa bienveillance, m’a fait un bien fou et m’a vraiment redonné du cœur en insistant sur le fait de respecter nos différences, et encore plus quand on parle de permaculture.
Et quelle prétention c’est, de penser détenir une quelconque vérité. J’ai aussi réalisé une autre vidéo dans laquelle je titre « motoculteur et tolérance » (vers les 20 min ndlr). Est-ce que mon jardinier voisin qui passe le motoculteur serait forcément plus idiot que moi ? plus proche que la vérité ? Ce n’est pas mon approche. S’il le fait, à mon sens c’est qu’il a une raison et si le motoculteur existe, c’est qu’il y a une raison. Je cherche à les connaître, et souvent il y en a de bonnes. J’adore le compromis plutôt que l’extrême, et parfois dans la permaculture, les pensées sont à mon sens trop extrêmes. Peut-être mon signe astrologique de la balance me joue des tours à vouloir diversifier un maximum mes pratiques, mes pensées.
Tout de même une conviction forte, prendre soin de la terre, la nourrir, s’occuper d’elle plus encore que les légumes. C’est toute la différence quand on jardine au naturel, on nourrit avec de l’organique, du fumier, paille, foin, compost, du broyat, des déchets végétaux et animaux, et non avec des engrains de synthèses. Nos légumes en sont nutritivement et émotionnellement bien meilleurs
Quelques conseils aux jardiniers débutants ?
Justine : Pour finir, quels seraient les 2 ou 3 conseils que vous donneriez à ceux qui veulent se lancer dans un jardin potager bio ?
Olivier : Comprendre les mécanismes de fertilité, tout est expliqué dans mon livre, pour réaliser les bons gestes. Comprendre l’importance du sol de départ, l’importance des apports organiques à faire, l’importance de l’eau, comprendre l’importance de la vie du sol, champignons, bactéries, macro et micro-organismes, et se comprendre aussi, s’écouter ! Avoir un potager qui corresponde à ses convictions, ses envies, ses priorités. Comme je dis dans le livre, la taille du potager et le temps qui lui est accordé dépendra de la taille de vos autres choix de vie… Taille de la télé, de votre travail, de vos déplacements boulot maison, du temps nécessaire pour vos enfants, vos parents, pour la maison, la cuisine et j’en passe… Le potager ne doit pas tout bousculer mais être une logique de vos choix de vies sinon il sera vécu comme une contrainte.
Enfin, je donnerais comme conseil de s’informer en permanence et d’être ouvert d’esprit. Ne pas juger celui qui fait différemment mais s’en inspirer et voir si peut-être il n’y a pas du bon à prendre !
Le potager n’est pas une science exacte, bien loin de là, et c’est peut-être cela le plus magique, c’est qu’il en devient imprévisible, mais avant tout vivant, vivant de vie végétale avec les légumes, fleurs, et vivante de vie animale avec toute la biodiversité du sol, et curieusement nous aussi, nous en devenons plus vivant encore…
Merci
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Merci à Olivier d’avoir accepté de répondre à ces questions. Son livre a une place toute trouvée dans ma bibliothèque (entre le Soltner et Le Guide Terre Vivante).
Je vous propose de découvrir d’autres livres de jardinage dans les articles en lien plus bas. Je vous remercie d’avoir lu cet article, et je vous souhaite d’aborder le jardinage dans la joie et la bonne humeur ! Si vous avez aimé cet article, n’hésitez pas à le partager sur vos réseaux ♥
A bientôt ♥